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Coups de coeur 2022

Dernière mise à jour : 4 juin 2023

1. Barbe Bleue de Pina Bausch / Théâtre de la Ville / Théâtre du Châtelet

Il y a peu d’exemples dans l’histoire du théâtre qui témoignent de la présence des gestes, des mouvements tellement puissants comme ceux qui caractérisent les créations de Pina Bausch. Ils expriment non seulement la pure beauté de leur exécution, mais aussi une pensée, un sentiment, une histoire : ils écrivent une poésie. La poésie de Barbe Bleue est à la fois violente, choquante, cruelle, érotique, sensible et fragile. Elle est séduisante en ce qui concerne la mise en scène, les costumes, la musique, la simplicité de la scénographie ; et en même temps, très complexe par rapport à la manière d’aborder les sujets universels. Magnifique !

2. Le Moine Noir d'après Anton Tchekhov - mise en scène de Kirill Serebrennikov / Festival d’Avignon

Les serres (dans lesquelles au lieu des plantes on voit les hommes) sont à la fin détruites et l’espace hermétique s’ouvre. C’est à ce moment-là où on voit le Moine noir, une projection imaginaire qui danse sans cesse dans la tête de Korvin. Mais le génie de Serebrennikov nous donne l’accès à ses perturbations intimes, il les matérialisent à travers l’espace scénique réel. La figure du Moine se multiplie (comme dans la légende que Korvin raconte à Tania) et on assiste à une danse des Moines mystérieuse et puissante, d’une énergie interne. La présence du chœur est aussi bien puissante. Il sert, en plus d’évoquer l’ambiance rituelle, à donner une sensation objective du temps en annonçant les fins et les commencements des journées. La mise en scène, la scénographie, le jeu d’ombres, la musique, les chants, le jeu d’acteur, tout est élaboré avec la perfection. Je suis ravie !
3. Le Sacre du printemps de Pina Bausch / Théâtre de la Ville / Théâtre La Villette

S’il existe une pure perfection dans les mouvements et dans chaque geste, ce serait sans aucun doute le travail de Pina Bausch. Le spectacle de Pina est comme un ‘aleph’, le lieu où se trouve une multitude d'émotions, un lieu où se trouve tous les lieux du monde.

4. Bros de Romeo Castellucci / MC93

« On ne peut pas dire au passé ce qu’il doit faire ». Une trentaine de policiers anonymes représentent le personnage principal de la pièce. Ils sont identiques, sans personnalité, et dans ce sens similaires aux machines. Leurs mouvements créent des images fragmentées et suspendues dans le temps, comme une machine en arrêt. À un certain moment, on se rend compte qu’ils portent les masques. Il s’agit des masques très humains, presque invisibles, qui couvrent paradoxalement les visages HUMAINS. Chaque objet scénique, chaque présence, est un symbole. On peut parler de deux apparitions déjà courantes dans les spectacles de Castellucci : l’animal (le chien) et l’enfant dont la fonction est peut-être de nier la représentation théâtrale. Dans une des dernières scènes, une poupée, comme un chef d'orchestre, coordonne les mouvements des policiers qui la suivent aveuglément. ‘Bros’ de Castellucci nous parle à travers les mouvements, les sons, les couleurs, le silence et l’image.
Impressionnant !

5. L’Ile d’Or - création collective du Théâtre du Soleil - mise en scène d’Ariane Mnouchkine / Théâtre du Soleil

L’île d’Or fait revivre ‘la planète Théâtre’. Par les mécanismes comiques, Mnouchkine évoque le No théâtre, le théâtre radical, le théâtre des avant-gardes. Le spectacle parle de l’histoire du théâtre dans tous ses aspects : culturels, linguistiques, esthétiques ; de notre histoire (en faisant appel surtout sur la notion de liberté en temps de crise sanitaire). Pour Mnouchkine, le théâtre « fait l’appel au passé pour éclairer notre présent » ; il « raconte toujours, non seulement une histoire ou des histoires, mais il est imbibé de l’Histoire ». Le spectacle parle aussi, d’une certaine manière, de l’histoire du Théâtre du Soleil qui depuis toujours voyage vers des créations collectives à la recherche des formes traditionnelles du jeu. C’est difficile de résumer la beauté de toutes les scènes, en même temps simples et complexes, et très artisanales, qui se transforment sous nos yeux comme pour témoigner de cet art éphémère qui est le Théâtre. Éphémère mais qui continue toujours à durer et persister..
…We'll meet again
Don't know where
Don't know when
But I know we'll meet again some sunny day. Magnifique !

6. Sarajevo feeling d’Almir Basovic - mise en scène de Thomas Steyaert / SARTR

En décembre 2021, à Sartr, il a lieu la première du spectacle ‘Sarajevo feeling’ dans la mise en scène de Thomas Steyaert. Il s’agit plutôt de l’adaptation inspirée par la pièce de Basovic étant donné que la réduction du texte est évidente. Steyaert met l’accent surtout sur l’expression corporelle en nous offrant des moments de danse énergique et de corps libérés. On dirait que Steyaert reprend l’idée de Pippo Delbono, « danser dans la guerre », selon laquelle la poétique du mouvement s’oppose aux malheurs de la guerre. J’espère que vous aurez l’occasion de découvrir la pièce !

7. Ma jeunesse exaltée - mise en scène : Olivier Py / Festival d’Avignon

Le spectacle semble être joué dans une énorme boîte en bois qui se transforme, se déconstruit, se construit, en gardant l’idée d’un théâtre dans l’espace vide dans lequel Arlequin symbolise le théâtre. Qui est Arlequin sans costume ? Dans la dernière scène, tous les personnages portent le costume d’Arlequin. Merci Olivier Py !

Aida Copra










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