Le 29 janvier 2023
Cours Florent Mathis
Trois petits points
Texte : Vincent GAUDIN (avec la collaboration de Margaux HAJJAR et Hugo THERY)
Mise en scène : m.e.s. collective
Avec : Vincent GAUDIN, Margaux HAJJAR et Hugo THERY
Collaboration artistique : Margaux GUIRAUD
Chorégraphies : Frédéric JEAN-BAPTISTE
Trois petits points est la première création de la compagnie PA1RADIS fondée par jeunes acteurs formés au Cours Florent. Il y a un plaisir particulier à découvrir le travail d’un metteur en scène, d’une compagnie, qui commence à tracer son propre chemin et qui en faisant ces premiers pas démontre un immense talent et l’amour de faire du théâtre.
Dès l’entrée dans la salle, on entend la musique qui nous plonge dans une sorte d’atmosphère de Broadway des années 1980. La première scène s’ouvre sur deux personnages qui, éclairés par un faisceau de lumière, commencent à danser. Il s’agit d’une danse de mouvements saccadés et d’un langage des gestes qui provoque le rire. Le spectacle s’annonce comme une création inspirée, entre autres, du travail de Beckett et du personnage de Charlie Chaplin. C’est précisément dans ces mouvements qu’on entrevoit l’idée principale du spectacle, celle du dérisoire et du clownesque, qui inclue le burlesque, l’absurde, le comique et le tragique.
Le spectacle de deux danseurs est interrompu par un personnage féminin qui se trouve parmi le public et se moque de leur travail (au tout début, on n’est pas certain si elle est le personnage de la pièce ou la spectatrice). Dans la deuxième scène, on comprend qu'il s’agit d’une femme d’affaires, Virginie, divorcée avec un enfant, qui ne vit que pour son travail. Son histoire à elle racontée à travers ses conversations téléphoniques est suspendue afin de revenir sur celle de deux danseurs, Maurice et Alfred, dont le destin s’avère bien sombre. Ils se séparent obligés de renoncer à leur passion. Mais sur la scène illusoire, ils continuent à danser et à nous raconter leur vie par la danse. On entend les morceaux de musique d’Ibrahim Maalouf, Avishai Cohen, Meute, Nino Rota ou encore Alexandre Desplat.
Dans une scénographie très simple, c’est le corps qui prend la parole. Leur danse nous fait voyager à travers l’espace et le temps. C’est un voyage d’errance, d’attente et de solitude. À la fin, Maurice et Alfred réussissent à se retrouver, mais sans espoir de trouver leur place sur les scènes parisiennes. Le moment qui change le cours de l’histoire est la rencontre avec Virginie à la gare où deux danseurs trouvent refuge et où Virginie doit attendre une nuit entière. On a l’impression que la gare devient un lieu où deux mondes se rencontrent : le monde d’art et celui de son marché. La seule possibilité de les réconcilier semble s’offrir dans un rêve dans lequel Maurice et Virginie se marient. Ce rêve devient une scène à part jouée dans le style des premiers films muets de Charlie Chaplin. Un autre moment qui sert à renforcer cette idée est la danse de Maurice et Alfred sur le rythme des battements des doigts de Virginie qui tape sur le clavier de son ordinateur.
Le spectacle devient une satire lucide et clownesque qui exprime le dérisoire de deux mondes opposés. Pourtant, un esprit enfantin qui caractérise cette pièce innovante fait que « trois petits points » trouvent un point en commun ; et nous nous retrouvons à la fin d’une histoire qui semble être « heureuse ».
Aida Copra
Comments