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Photo du rédacteurAida Copra

Circus Baobab

Dernière mise à jour : 14 juin 2023

Le 18 avril 2023
La Scala

Yé ! (L’eau)
Circus Baobab
Directeur artistique : Kerfalla Bakala Camara
Metteur en cirque et compositeur : Yann Ecauvre
Intervenant acrobatique : Damien Drouin
Compositeur : Jeremy Manche
Chorégraphe : Nedjma Benchaïb
La troupe de 13 Acrobates – Danseurs : Bangoura Hamidou, Bangoura Momo, Camara Amara Den Wock, Camara Bangaly, Camara Ibrahima Sory, Camara Moussa, Camara Sekou, Keita Aïcha, Sylla Bangaly, Sylla Fode Kaba, Sylla M’Mahawa, Youla Mamadouba, Camara Facinet

Circus Baobab. On sait que les artistes ont souvent l’habitude d’appeler leurs compagnies ou leurs collectifs par un nom qui évoque les principes fondamentaux de leur art et de leur poétique. Alors qu’est-ce que c’est un baobab ?

Le baobab est un arbre originaire d’Afrique, de Madagascar, d’Australie et d’Arabie. Il a une structure unique qui lui donne une silhouette particulière qui le rend facilement reconnaissable. À cause de cela, les baobabs sont souvent appelés « arbres renversés » ou « arbres bouteilles ». Ils sont aussi importants pour les écosystèmes dans lesquels ils poussent, en fournissant de la nourriture et un abri pour une variété d’animaux. Les baobabs sont également vénérés dans de nombreuses cultures africaines comme des symboles de force, de longévité et de résilience. Dans certains endroits, ils sont considérés comme des arbres sacrés.
En lisant ces caractéristiques après avoir vu le spectacle de Circus Baobab, on comprend immédiatement à quel point ce nom correspond à leur univers artistique, et reflète en quelque sorte leur aspect physique : Circus Baobab est un arbre avec 13 branches qui danse en plein air comme symbole de force, de pertinence et de constance. 13 acrobates et danseurs originaires de Conakry, en Guinée, 13 enfants de la rue formés aux arts de la scène par les meilleurs professionnels africains et français, 13 artistes de 18 à 30 ans qui ont été les grands finalistes de « La France a un incroyable talent » en décembre dernier.

La première chose qu’on voit sur scène, ce sont les bouteilles en plastique vides placés de deux côtés d’un passage. Au milieu du passage, une bouteille d’eau. Le premier personnage entre et se met à boire. Comme un déclenchement, ce geste fait entrer les autres personnages et le combat pour l’accès à l'eau commence. À travers « la danse de combat » un sujet très engagé resurgit.

Le combat devient l’idée principale du spectacle. Il ne s’agit pas d’une simple chorégraphie ou d’une pure technique, mais de la découverte d’une force-pensée que ces 13 acrobates-danseurs modèlent à l'interieur de leurs corps afin de bouleverser la sensibilité du spectateur. Leur expression corporelle nous fait penser à la « danse pyrrhique », une danse de guerre traditionnelle de la Grèce antique, utilisée pour le développement de la coordination des mouvements, de l’agilité et du rythme corporel. La musique accompagne et dirige le rythme des mouvements. Pourtant le spectacle laisse place aussi aux moments silencieux qui permettent aux corps de remplacer même le son. D’ailleurs, dans Yé ! (L’eau), le corps est le son, le temps, l’espace et l’action. C’est aussi l’élément le plus difficile à saisir. Car, il faut saisir la tri-dimensionalité de ces corps qui mènent une danse virtuose. Ils expriment cette idée fondamentale selon laquelle l’homme reçoit le monde par son corps et pense et agit avec son corps : le corps qui a tout d’abord une fonction plastique et esthétique pour assumer ensuite une forte valeur éthique.

C'est une danse de combat qui symbolise l’un des enjeux majeurs dans de nombreuses régions du monde, et l’une des questions cruciales pour la santé publique, le développement économique et la justice sociale : la souffrance du manque d’accès à cette ressource essentielle : l’eau.

Aida Copra



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