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Illusion de « la constance dans le cosmos »

Le 04 mars 2023
Théâtre du Gouvernail
Illusions
de Ivan Viripaev
Mis en scène par Valentine Hayot et Séram Borgel
Avec : Marie Lazović, Nathan Clodic, Eva Guichard et Augustin Gallet

Écrite en 2011 par auteur, comédien et metteur en scène russe, Ivan Viripaev, la pièce Illusions raconte l’histoire fragmentaire de deux couples mariés. L’histoire est simple en apparence, mais derrière les apparences de simplicité se cachent les questions délicates sur l’amour, l’engagement, les désirs cachés, les promesses manquées.
Le choix de mettre en scène cette pièce de Viripaev est né de la volonté de représenter une multitude de vérités qui « ne sont que », comme le dit Nietzche, cité par la metteuse en scène, Valentine Hayot, « des illusions dont on a oublié qu’elles le sont ». Les présences-absences des vérités sont déjà évoquées dans la scène d’ouverture où dans une semi-obscurité on entend des voix off confondues et mélangées avec celles des spectateurs.
Les cinq personnages apparaissent sur scène. Bientôt on comprend qu’il ne s’agit pas encore d’une scène dramatique, mais d’un espace de la réalité où Valentine Hayot fait un prologue pour informer le public de l’histoire. On découvrira les histoires de quatre personnes : entre Sandra et Dennis, et entre Albert et Margaret, deux vieux couples parfaits (en apparence).

En jouant avec les mécanismes du théâtre de récit où le narrateur vient remplacer l’acteur, ce sont Première femme (Eva Guichard), Deuxième femme (Marie Lazović), Premier homme (Augustin Gallet) et Deuxième homme (Nathan Clodic) qui nous racontent, en revenant en arrière, les vies de deux couples en incarnant en même temps leurs personnages. Dans cette manipulation de raconter-jouer-incarner, les didascalies deviennent aussi paroles et assument un caractère narratif.

Précisément à cause d’une telle structure de la pièce, Valentine Hayot et Séram Borgel font un rejet de la scénographie pour garder les acteurs au centre de la mise en scène. Dans un espace presque complètement vide, tout le spectacle joue sur l’imaginaire du spectateur que les acteurs par leur jeu dynamique et léger réussissent à éveiller. D’ailleurs, ils savent aussi chanter et jouer de la musique (la musique, pour la plupart est jouée par les acteurs directement sur le plateau).

Le seul changement plus évident de la scénographie arrive à la fin du spectacle. On voit un fond de scène peint de mots dont on ne comprend pas immédiatement la signification. La scène finale nous révèle qu’il s’agit d’une lettre, celle de Margaret avant sa mort. « Il doit pourtant bien y avoir quand même un minimum de constance, dans ce cosmos changeant, Albert... ? », dit Margaret. Valentine Hayot et Séram Borgel, par la simplicité de leur mise en scène, et les acteurs, par le talent de leur jeu, nous font découvrir ce cosmos changent imaginé par Ivan Viripaev où la constance est « une illusion ».

Aida Copra




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