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Le théâtre contemporain à la lumière de la Commedia dell’Arte. Carlo Boso et l’art de la comédie

Dernière mise à jour : 31 janv. 2023

Thèse de doctorat - Discipline : Études romanes et italiennes / Doctorat international / Sorbonne Université - Université de Florence - Université de Bonn

Présentée et soutenue par : Aida ČOPRA ; le : 20 janvier 2023
Sous la direction de : M. Andrea FABIANO – Professeur des universités, Sorbonne Université

Tout ce que nous nommons réel est fait de choses qui ne peuvent être considérées comme réelles.

Niels Bohr

Dans un grand nombre d’études qui traitent la question de l’existence de la Commedia dell’Arte dans le théâtre contemporain, une affirmation – à l’apparence très simple – se répète continuellement. Il s’agit de l’assertion de Ferdinando Taviani en 1980 : « C’est très étrange que la Commedia dell’Arte existe encore ». En parlant de sa présence dans le théâtre contemporain, Taviani utilise une métaphore astrologique des constellations : les constellations qui semblaient structurer les comportements et les actions des hommes, alors que ce furent les hommes qui en identifiant les caractères et les tempéraments, reliaient mentalement les différents astres, dispersés sur le ciel, en figures et constellations unitaires. Dans ce sens, explique Taviani, la Commedia dell’Arte est une constellation et comme telle, elle influence.

Pour exemplifier la récupération et la transmission de la tradition de la Commedia dell’Arte dans le théâtre contemporain et pour voir lesquels de ses éléments constitutifs sont toujours présents, nous avons choisi de nous concentrer principalement sur le travail de Carlo Boso, metteur en scène, pédagogue et maître de la Commedia dell’Arte dans la pratique contemporaine. Boso découvre la Commedia dell’Arte en 1965, en interprétant le rôle de Zanni dans Venetiana de Giovan Battista Andreini dans la mise en scène de Giovanni Poli. Ce premier pas marque un long voyage – qui continue toujours – vers la redécouverte et la réutilisation de la dramaturgie de la Commedia dell’Arte dans la création scénique et l’enseignement pédagogique. Boso collabore avec les compagnies du monde entier qui s’initient à la Commedia dell’Arte grâce à lui.

La Commedia dell’Arte est examinée dans l’optique d’une mémoire qui imagine et répète et qui permet de préserver le geste qui vient de loin, disparaît, réapparaît et se transforme. Le choix d’exemplifier cette approche à travers le théâtre de Boso est issu du fait que le processus de sa création théâtrale révèle non seulement l’idée d’un univers théâtral du passé, mais synthétise aussi un moment important dans l’histoire de la Commedia dell’Arte dans le théâtre contemporain. Son théâtre ne représente pas seulement ‘une histoire’, mais il est un lieu où se trouvent plusieurs lieux à la fois : il rassemble l’univers de la famille Sartori, du théâtre du Piccolo, du personnage de Ferruccio Soleri, de la pédagogie de Giovanni Poli, des masques de Stefano Perocco, du mime Pawel Rouba, des grands acteurs du Tag Teatro.

Examiner la tradition de la Commedia dell’Arte dans le théâtre contemporain n’implique pas seulement le fait d’analyser ses éléments constitutifs, mais d’essayer de saisir un univers complexe par rapport à son passé – « la Commedia dell’Arte a-t-elle existé ? » – et à son présent – « C’est très étrange que la Commedia dell’Arte existe encore ». La Commedia dell’Arte devient dans la pratique scénique contemporaine l’une des plus grandes idées du théâtre. Elle est, implicitement ou explicitement, à la base du renouvellement de l’art théâtral en termes éthiques et esthétiques dans les réflexions théoriques des protagonistes les plus importants du théâtre international. « À la lumière de la Commedia dell’Arte » signifie questionner le passé du théâtre en montrant les fractures du temps, mais c’est précisément dans ces fractures temporelles qu’on saisit l’essence de nouvelles histoires théâtrales. On revient de nouveau à l’image du personnage qui se situe dans un lieu très éloigné de la scène originale du personnage traditionnel, mais qui tient toujours le rideau levé. Et « puisque rien ne peut jamais être une répétition », on se demande toujours comment le théâtre peut se charger du temps et représenter une présence qui est à la fois une absence.


Aida Copra




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